Un cours d’eau n’est pas figé, il s’agit d’un milieu vivant et très dynamique, en constante évolution.

Sa morphologie évolue dans le temps. À un endroit donné, sa forme va bouger, en quelques mois à quelques siècles.
Dans l’espace, de l’amont vers l’aval, le cours d’eau n’aura pas la même forme (passage d’un torrent à un cours d’eau de plaine, évolutions de la largeur du lit, pente, profondeur, sinuosité, création et disparition de bancs alluviaux, formation et disparition de méandres, apparition de nouveaux bras morts …).
Cette dynamique diversifie les habitats et les espèces aquatiques, et explique la richesse de ces milieux.
Mais elle est aussi un phénomène difficilement acceptable, car cela peut gêner ou menacer des enjeux humains trop proches du cours d’eau.
Un cours d’eau érode par endroits, ailleurs, il ralentit et dépose ses matériaux.
Ces phénomènes naturels complexes peuvent localement contraindre l’occupation des sols et les usages.
Ils sont souvent vécus par les riverains comme un dysfonctionnement et un problème (pertes de terrain, inondation, destruction d’équipement…).
Ils sont pourtant garants des multiples services rendus par la rivière à la société : dissipation de l’énergie des crues, autoépuration des eaux, qualité écologique et paysagère…
Les activités humaines contraignent ce fonctionnement naturel, ce qui peut conduire à l’altération de l’état du cours d’eau.
Pendant longtemps, l’homme a tenté de maîtriser les cours d’eau, mais la plupart du temps ces tentatives ont échoué (coût excessif des aménagements, efficacité limitée -les érosions se déplacent, les crues en aval sont aggravées-, impacts négatifs sur les milieux naturels, les paysages, la qualité de l’eau..).
Ce constat a conduit à changer de stratégie, avec une meilleure prise en compte de l’espace nécessaire à la rivière dans les politiques d’aménagement du territoire.
Les cours d’eau dont la morphologie a été dégradée peuvent nécessiter des travaux de restauration. L’objectif est de leur redonner des caractéristiques physiques plus naturelles, afin de permettre le rétablissement d’un fonctionnement normal et le retour d’habitats naturels, indispensables au bon état écologique du cours d’eau et au maintien de ses différentes fonctions.
Plusieurs projets sont en cours sur le bassin versant du Verdon, par exemple :
Le Colostre
Le Colostre est le dernier affluent majeur du Verdon, avant que celui-ci soit barré par le barrage de Gréoux. C’est donc un cours d’eau important en terme de continuités écologiques et de réservoir de biodiversité pour le Verdon. Mais ce cours d’eau, qui présente un fort potentiel, est dégradé par des interventions passées. En effet, suite à plusieurs crues, le Colostre a été rectifié, c’est-à-dire que son lit sinueux a été rendu rectiligne, et curé.
Des travaux ont été réalisés par l’EPAGE Verdon à Saint-Martin-de-Brômes et Allemagne-en-Provence pour recharger le fond en sédiments (sables et graviers) afin qu’il retrouve sa dynamique naturelle, des habitats diversifiés, et puisse communiquer avec son lit majeur, pour lui redonner plus de sinuosité et restaurer les continuités écologiques interrompues par les nombreux seuils.
Le Verdon en aval des barrages de Chaudanne et Gréoux
Le Verdon à l’aval des barrages manque des sédiments. Ils sont bloqués par les barrages, ne participent plus à la dynamique sédimentaire du cours d’eau et les conséquences sont multiples : déstabilisation des ouvrages (digues, ponts) liée au creusement du lit, dégradation des habitats aquatiques, risques de baisse de la qualité de l’eau et du niveau de la nappe…
Des réinjections de matériaux sont préconisées pour éviter la poursuite du phénomène.
Ces travaux sont en phase d’étude.
Le haut Verdon en amont du lac de Castillon
Dans le haut Verdon en amont de Castillon, d’Allos à Saint-André-les-Alpes, une étude a montré que de moins en moins de sédiments arrivent au cours d’eau, pour différentes raisons (changement climatique, boisements des versants, aménagements humains bloquant les apports comme les routes, les digues et protections de berges, l’urbanisation…).
Cette situation risque à terme de conduire à une incision du lit avec un impact sur les infrastructures (ouvrages d’art, protections…), mais aussi la nappe phréatique, les boisements de berge…
Les tressages pourraient également disparaitre et le cours d’eau se banaliser.
Un programme d’actions a été défini pour limiter cette évolution.
Les travaux réalisés chaque année visent à favoriser les apports sédimentaires dans le Verdon (par les affluents, par les versants ou les berges) et à éviter la fixation des matériaux du lit par le développement de la végétation.
